Vidéo chirurgicale : comment filmer au bloc opératoire ?

Si l’on devait hiérarchiser l’importance des étapes de la création d’une vidéo pédagogique, l’acquisition vidéo arriverait sûrement en tête. Et ce pour une raison principale : il est très difficile, voire impossible, de rattraper la qualité d’une image mal tournée.

Une caméra est accrochée en haut d’un mur blanc.

Quelle caméra choisir ?

 Il existe trois types de captation vidéo principaux dans le cadre d’une vidéo chirurgicaux, mobilisant différents matériels.

S’il fallait retenir une seule règle, ce serait celle-ci : peu importe le soin apporté au montage, si la matière première n’est pas de bonne qualité, la vidéo finale ne le sera pas non plus (et sur Youtube ou un site internet, cela donne un contenu peu visionné).

On distingue deux façons de faire :

  • L’enregistrement à la première personne, par exemple lors de chirurgies mini-invasives réalisées via une capture vidéo (microscopies, endoscopies…) ;
  • L’enregistrement à la troisième personne, lors des chirurgies ouvertes notamment, à l’aide d’un matériel d’enregistrement dédié (caméra frontale, stérile sur pied, de salle).

Cet article revient en détail sur ce sujet : il donne des conseils pour préparer et mener un tournage au bloc opératoire, sereinement et efficacement.

 

Préparation du tournage : équipe, équipement, réglages

La préparation de l’acquisition vidéo est un passage essentiel, surtout lorsqu’elle est réalisée à la troisième personne (les conditions et l’équipement vidéo utilisé lors d’une chirurgie mini-invasive rendent cette étape moins indispensable).

Dans tous les cas, certains points sont à garder en tête tout au long du processus :

  • Le champ doit être dégagé. Il faut faire attention à ce que rien ne gêne la vue (tête ou ombre d’un corps, instruments, lampes, etc.). Par ailleurs, la vidéo sera plus professionnelle si le champ filmé est propre (retrait des compresses usagées, instruments nettoyés, gants propres…). De plus, la couleur rouge absorbe la lumière et assombrit l’image : le champ opératoire doit être le moins sanglant possible.
  • Le cadre doit être centré sur le geste chirurgical. Elle doit être cadrée en amont et régulièrement vérifiée pendant l’intervention.
  • L’image doit être équilibrée : sans parler d’esthétique, il faut qu’elle soit suffisamment serrée pour mettre en valeur le geste chirurgical et assez large pour laisser de la liberté au moment du montage.
  • Limage doit être nette. Une attention particulière doit être portée à la mise au point tout au long de l’opération et la propreté de la lentille doit être vérifiée avant le début de l’intervention.

Pendant l’ensemble d’une intervention, la chirurgienne ou le chirurgien se concentre exclusivement sur son travail ; elle ou il ne peut assurer le bon déroulement de la prise de vue. C’est pourquoi il est nécessaire d’assigner ce rôle à une personne tierce prendra soin de contrôler le cadre pendant l’ensemble du tournage. La personne idéale est une ou un aide opératoire connaissant suffisamment les temps chirurgicaux pour interpeler la personne qui opère en dehors des moments complexes, et qui puisse prêter une attention particulière aux temps forts chirurgicaux.

camera au plafond d'un bloc opératoire

Caméra de salle

Une personne du bloc responsable de la caméra est la situation idéale, en particulier pour les caméras sur pied, ou les caméras sur un bras au dessus de la tête des chirurgiens.

Caractéristiques techniques

La question des caractéristiques techniques se pose quelle que soit la méthode d’enregistrement. Le paramétrage des caméras doit toujours être vérifié et ajusté (à noter que la présentation de l’écran de réglages peut différer d’un modèle à l’autre) :

Résolution : Full HD (ou 4K)

Format : MPEG-4

Bitrate : 5 Mbps suffisent (pour Full-HD)

Choisir une bonne résolution d’entrée, c’est non seulement s’assurer de la qualité du produit final, mais c’est aussi se rendre service au moment du montage : impossible de zoomer ou de rogner une image de faible qualité, sous peine de la détériorer encore plus.

Si c’est possible, réduire le débit binaire au moment de la prise de vue allégera le poids du rush obtenu, souvent volumineux, sans nuire à la fluidité ou à la netteté de l’animation.

En savoir plus : Comprendre les caractéristiques techniques d’une vidéo

 

Filmer au bloc opératoire : quel matériel privilégier ?

Pour la chirurgie mini-invasive, la question ne se pose pas : on utilisera les fichiers filmés par le dispositif médical utilisé, souvent l’endoscope ou le microscope.

Une nouvelle fois, dans le cas d’une chirurgie ouverte, le choix du matériel à utiliser est plus compliqué. Il dépendra surtout des besoins et contraintes au moment de l’intervention.

 

La caméra frontale

Fixée sur la tête de la personne qui opère, elle simule une vue à la première personne. Lors du tournage, elle est très pratique : pas besoin de vérifier que l’image est centrée ou qu’une tête cache la zone de l’opération.

Il faut néanmoins porter attention à deux choses :

  • L’image bouge avec la tête de la personne qui opère. Pour obtenir une image stable, il faut donc limiter les mouvements de tête au maximum, ce qui peut restreindre les mouvements opératoires.
  • La caméra est grand-angle. Autrement dit, elle capte une image très large et rapetisse les sujets. Dans le cas d’une intervention chirurgicale, cela pose problème puisque les zones d’intérêts, petites, se retrouvent dans le cadre.
Une go pro éteinte est tenue devant un fond aux teintes verts.

GoPro

Les GoPros ont l’avantage de filmer ce que regarde le chirurgien durant l’opération.

La caméra stérile sur pied, ou exoscope

Un exoscope est une caméra stérile sur pied, spécialement conçue pour filmer en hôpital ou en clinique, et installée dans le champ opératoire sur un bras articulé.

En termes d’acquisition vidéo, il est le plus adapté aux enjeux de la vidéo chirurgicale : il génère des images de grande qualité et bénéficie d’un zoom puissant, deux critères importants.

Cependant, il est plus contraignant. Le tournage doit être anticipé, car il nécessite d’être stérilisé ou protégé par une housse stérile puis installé avant le début de l’opération. D’autre part, l’écran de contrôle doit être vérifié régulièrement afin d’éviter les erreurs de parcours (obstacles, mauvaise mise au point…).

 

La caméra de salle

Les caméras de salle sont souvent installées au plafond de la salle d’opération. Leur utilisation est plus simple puisqu’elles n’ont pas besoin d’être installées. De plus, elles peuvent être allumées à n’importe quel moment de l’intervention.

Toutefois, si elles sont pratiques lors d’enregistrements non prévus, elles comportent deux désavantages majeurs :

  • Elles sont généralement fixées en hauteur et les éléments obstruant le cadre sont difficiles à éviter ;
  • La qualité des rushs est souvent moins bonne que celle des autres dispositifs.

À lire aussi