Faire une vidéo chirurgicale pédagogique en 8 étapes

Afin de compléter la formation des internes en chirurgie, un format devient de plus en plus populaire depuis quelques années : la vidéo chirurgicale. Les chirurgiens enseignants, même débutants, peuvent réaliser eux-mêmes ces outils pédagogiques. Qui mieux que les chirurgiens eux-mêmes peuvent choisir quelle partie de l’intervention mettre en avant ! Comment faire une vidéo chirurgicale en huit étapes ?

Des post-its multicolores sont étalés sur une surface blanche.

Décomposer les étapes du montage

En suivant certaines étapes, la création d’une vidéo chirurgicale devient facile.

En France et dans le monde, pour se former, les chirurgiens en formation initiale ou continue visionnent souvent des vidéos chirurgicales, le plus souvent sur des plateformes telles que Youtube ou Vimeo.

Certains patients préparent leur passage au bloc opératoire grâce à ces contenus disponibles sur Google, même si ces vidéos chirurgicales sont avant tout pensées et conçues pour les étudiants et internes en chirurgie.

 

Faire une vidéo chirurgicale : présentation

Leurs avantages sont multiples :

  • visionnables sur smartphones n’importe où et n’importe quand ;
  • proposent un support théorique idéal pour compléter le compagnonnage au bloc opératoire ;
  • peuvent s’intégrer dans un projet pédagogique universitaire avec les simulateurs de chirurgie ou la dissection cadavérique ;
  • permet pour les chirurgiens expérimentés de confronter les pratiques de différents hôpitaux ou cliniques du monde entier.

Cet article est un guide à destination des professionnels de la santé : il donne les clés pour mener un montage de A à Z, tout en optimisant les caractéristiques techniques de la vidéo chirurgicale et en respectant le secret médical. Certains termes techniques sont utilisés, n’hésitez pas à consulter notre glossaire de montage vidéo et notre glossaire technique.

Pour aller plus loin, de nombreux articles traitent de points précis de l’édition vidéo, vous pouvez les consulter ici.

Derrière un ordinateur portable, un homme a l’air concentré.

Courbe d’apprentissage rapide

Monter une vidéo chirurgicale prend du temps mais est accessible même aux débutants.

Monter une vidéo : de débutant à professionnel

L’acquisition vidéo a lieu en per-opératoire, à partir du matériel chirurgical dédié (colonnes vidéos, microscopes, etc.) ou bien à partir d’un dispositif externe (caméra du bloc opératoire, caméra frontale, etc.). Choisir le meilleur système d’acquisition vidéo est fondamental pour assurer la meilleure vue chirurgicale.

Différentes étapes du montage peuvent être identifiées. Pour monter sereinement une vidéo et pour plus de facilité, il est important de s’organiser en amont et d’avoir une visibilité sur les actions à venir.

En savoir plus : Tutoriels de débutant avec DaVinci Resolve

En savoir plus : Quatre conseils pour faire un montage vidéo plus rapidement

 

Etape 1 : En amont du montage

En premier lieu, il faut organiser le plan de travail, créer un dossier spécifique et organiser les différents éléments en sous-dossiers – rushs, sons, éléments graphiques…

Pour le moment, seul le rush de l’opération existe, mais préparer l’organisation de l’espace de travail en amont permet de gagner du temps ensuite.

Il est aussi important d’identifier les caractéristiques du fichier vidéo (format, débit binaire, résolution) et leur compatibilité avec les logiciels de montage. Parfois, une conversion est nécessaire pour que les fichiers soient optimisés.

 

Etape 2 : Le dérushage

Un rush correspond à un fichier vidéo brut et non édité.

Dans le cas d’une vidéo chirurgicale, la personne dispose d’un unique rush de l’acte de chirurgie, parfois long de plusieurs heures et comprenant plusieurs temps morts (nettoyage d’instruments, temps de réflexion, etc.).

L’étape du dérushage est la plus importante : elle consiste en repérer les points d’intérêt du fichier, le découper pour réduire la durée de la vidéo et supprimer les parties inutiles dans son logiciel de montage.

L’idéal est de la réaliser le plus rapidement possible après la chirurgie, si possible le jour même, lorsque les événements per-opératoires et les passages d’intérêt pédagogique sont encore très frais dans la mémoire. Cela permet d’éviter de visionner l’ensemble du rush plusieurs jours plus tard pour se remémorer les passages clés : le gain de temps est considérable.

 

Etape 3 : Chapitrer la vidéo

Ensuite, l’objectif est de définir le plan pédagogique de la vidéo, en fonction des étapes stratégiques de l’opération. Cela donne lieu à un chapitrage, mis en évidence grâce à des inter-écrans titres.

Suite à cela, la structure commence à prendre forme : il est temps de passer aux détails.

 

Etape 4 : Ajuster les valeurs de plans

Ici, les zooms et arrêts sur image soutiennent l’objectif pédagogique. Ils servent à clarifier et préciser le propos, pointer une partie de l’anatomie pendant l’opération, souligner un point d’attention particulier…

Ce travail permet également d’identifier quels moments il faudra anonymiser afin de rendre la patiente ou le patient non-identifiable.

 

Etape 5 : Les éléments graphiques

Les éléments graphiques prendront souvent la forme de flèches et d’annotations. Ils précisent de manière graphique ou textuelle des éléments de l’intervention – anatomie, gestes clés… Il s’agit souvent de calques à fond transparents que l’on rajoute par dessus ou overlay.

Il y a deux façons de procéder : créer les éléments graphiques directement au sein du logiciel de montage, ou les préparer en amont grâce à un logiciel de graphisme, voire avec PowerPoint et les importer dans le logiciel de montage.

Des transitions peuvent également être rajoutés entre les séquences chirurgicales pour fluidifier le rendu visuel, il est fortement recommandé de laisser au plus simple (transition fondue noire de 300ms par exemple).

La durée d’affichage des éléments graphiques et transitions influe directement sur le tempo de la vidéo, et peut la rendre frustrante si trop rapide ou ennuyeuse si trop lente. Il n’y a pas de règles strictes mais cliquez ici pour voir nos recommandations pour les vidéos chirurgicales.

Pour limiter les risques d’erreurs graphiques, certains points doivent être vérifiés :

  • Éviter la surexposition, sous-exposition et sursaturation de l’image ;
  • Choisir une police d’écriture suffisamment simple (sans-serif de préférence) et des couleurs assez contrastées pour être lisible ;
  • Fuir les couleurs trop vives et trop contrastées ;
  • Porter attention à la résolution des images importées dans le projet : une mauvaise qualité ou résolution se verra dans votre montage ;
  • Il s’agit d’un format professionnel, utilisé pour la pédagogie chirurgicale. Limiter les transitions au minimum (ou les garder au plus simple) permettra de garder l’attention sur les informations clés et fluidifier la compréhension.

Etape 6 : L’introduction et la conclusion

À présent, la partie la plus importante du montage est effectuée : le résultat final commence à se préciser.

L’étape suivante sera de contextualiser la procédure chirurgicale, en indiquant son titre, en présentant le cas d’étude, en ajoutant une conclusion en fin de vidéo et en intégrant les logos institutionnels. Ces informations sont présentées grâce à des écrans de texte fixes, généralement créés grâce à des outils tels que Power Point ou en direct dans le logiciel de montage.

 

Etape 7 : La narration

Pour la rendre encore plus pédagogique, il est important d’intégrer une narration vocale ou au moins sous-titrée. Durant le visionnage, elle complète les annotations, zooms et arrêts sur image. C’est une étape essentielle pour rendre la vidéo plus pédagogique.

La qualité de l’enregistrement audio est clé, car un texte confus ou un enregistrement bruité impacte fortement la qualité générale du contenu.

En savoir plus : Les clés pour bien enregistrer sa voix

En savoir plus : Comment créer les sous-titres

 

Etape 8 : L’export

Passée l’étape de la narration, le montage en tant que tel est terminé. Il est temps de passer à l’export, ou à la transformation du montage en fichier vidéo.

Au moment de l’exportation, un logiciel de montage propose de nombreuses caractéristiques d’export : résolution, débit binaire, codecs vidéo et audios… Elles détermineront notamment le format, le poids, et la qualité audio et vidéo du fichier final.

En ce qui concerne les vidéos chirurgicales, les caractéristiques à choisir sont souvent les mêmes.

Un homme regarde en souriant l’écran d’une tablette.

Diffuser la vidéo

Après avoir réalisé une vidéo chirurgicale, la prochaine étape est de la rendre accessible sur Internet.

Et après : mise-en-ligne, diffusion et promotion

En suivant ces huit étapes, en consultant les ressources associées si nécessaires – notamment celles Université Paris Cité – et avec un peu de patience, tout le monde est capable de mener à bien un montage vidéo en quelques jours.

L’ultime étape sera de la mettre en ligne sur un site internet institutionnel ou personnel, ou sur Youtube. De nombreuses techniques existent pour bien valoriser la vidéo : la création d’une miniature, le choix d’un titre et d’une description percutants, l’utilisation de mots-clés pertinents (santé, médical, opération, hôpital…).

Et après…

La vidéo pédagogique est prête à être visionnée !

En savoir plus : Valoriser sa vidéo pour assurer sa diffusion

En savoir plus : Promouvoir sa vidéo chirurgicale pédagogique sur les réseaux sociaux

À lire aussi sur l’édition vidéo

Le live surgery est-il sans risque ?

Le live surgery est-il sans risque ?

La chirurgie en direct-live est devenue un format populaire utilisé dans de nombreux congrès/meetings chirurgicaux éducationnels. L’enseignement en direct de l’anatomie et de la chirurgie a toujours été d’actualité depuis le 18ème siècle pour former les générations de...