Anonymisation d’une vidéo chirurgicale : le guide

Dans le cadre des vidéos chirurgicales, conserver l’anonymat des personnes opérées est la chose la plus importante. Lors du travail d’édition il est indispensable de retirer ou masquer tout signe distinctif pouvant identifier le patient, mais il faut également être prudent en apportant du contexte pédagogique à la vidéo (âge, type de pathologie, antécédents…) car une ré-identification du patient est possible en croisant des informations trop spécifiques.

Un homme se tient debout, le visage dissimulé par un jeu d’ombres et de lumières.

Protection du patient

Rendre anonyme le sujet d’une vidéo chirurgicale est une étape essentielle du montage.

Lorsque l’on décide de faire des vidéos chirurgicales, montrant les détails d’une opération au bloc, et donc du patient, l’anonymisation de la personne est une étape nécessaire. C’est particulièrement le cas lorsqu’elle est réalisée à partir des fichiers bruts per-opératoires, qui font partie du dossier médical. Les dispositions du RGPD à suivre lors de la création d’une vidéo chirurgicale sont détaillées ici. Le patient doit être informé et un consentement signé obtenu (consentement type accessible ici).

Ainsi, cet article est un guide pour anonymiser une vidéo de chirurgie et présente trois méthodes souvent utilisées dans ce cadre.

 

Réalisation d’une vidéo chirurgicale anonyme ou désidentifiée

Dans le cas d’une vidéo chirurgicale, concrètement, rendre une personne non-identifiable consiste à masquer tous les détails de son corps qui pourraient être reconnus.

Il faut donc procéder à une recherche et établir une liste des éléments révélateurs. De manière générale, cette étude doit s’intéresser particulièrement :

  • aux détails de peau : grains de beauté spéciaux, tâches.. ;
  • aux traits du visage ;
  • à d’éventuels tatouages ou piercings ;
  • à une forme d’anatomie particulière ;

 

Néanmoins, il admis qu’il est parfois impossible de rendre une opération filmée 100% anonyme : dans le cas d’une opération des cloisons nasales, par exemple, la forme du nez (impossible à dissimuler compte tenu de la zone opérée) pourrait être reconnaissable. Le patient doit en être averti.

Une pile de feuilles bien organisées et posée sur une table.

Dossier médical

Protéger les données personnelles d’un patient, notamment celles du dossier médical, est une obligation vidéo chirurgicale.

Les 3 techniques pour désidentifier une vidéo chirurgicale

Il existe trois méthodes principales pour anonymiser : le découpage, les zooms au sein de l’image et le floutage.

 

1. Couper les passages à indices

La première chose à faire, et c’est la technique la plus facile et pratique à mettre en application, est d’affiner le dérushage de la vidéo pour retirer toutes les séquences sensibles.

Si le passage concerné n’est pas essentiel à la bonne compréhension de la vidéo, il peut être supprimé.

Supprimer les séquences de la vidéo à risque d’identification du patient est la méthode la plus rapide et la plus efficace pour garantir l’anonymité du patient.

2. Zoomer dans l’image

Si les éléments reconnaissables sont localisés sur les bords du cadre et qu’ils peuvent être rognés sans couper la zone qui montre le geste chirurgical, alors la vidéo peut être recadrée afin de cacher ces indices visuels.

Par exemple, si un tatouage est repéré en bas à gauche et qu’il n’a pas d’importance dans l’intervention chirurgicale, l’image peut être rognée.

Attention : zoomer signifie étirer les pixels. Il se peut que la qualité de la vidéo soit légèrement dégradée si cette technique est utilisée, surtout si l’image n’est pas de très bonne qualité à l’origine. C’est pour cela qu’il faut toujours privilégier une captation et des fichiers de haute définition (4K dans l’idéal, puisqu’un zoom permet d’obtenir une image 1080p, ou full HD).

En savoir plus : Glossaire de montage vidéo

Une image floue évoque deux chirurgiens en train d’opérer quelqu’un.

Floutage

Le flou est un allier précieux pour anonymiser une vidéo chirurgicale et respecter le RGPD.

3. Anonymiser précisément : le traitement du flou

S’il est impossible de masquer les détails anatomiques reconnaissables en coupant ou recadrant la vidéo, il faudra procéder au floutage ou à la pixellisation des zones concernées.

Dans la majorité des cas, on préfère flouter : une zone floue est souvent plus discrète et plus esthétique qu’un amas brut de pixels.

Plusieurs points d’attention sont à garder en tête lors de la réalisation de cette étape :

  • Il faut que le floutage soit le plus précis possible, afin qu’il ne touche pas la zone qui concerne l’intervention chirurgicale. Pour cela, il faudra utiliser des masques, qui permettent d’assigner aux effets vidéo une forme géométrique de votre choix (cercle, carré, forme dessinée à main levée…).
  • Dans certains cas, la zone à masquer sera en mouvement. Résultat : définir une forme fixe ne suffira pas et il faudra faire en sorte que la zone floutée suive le mouvement. Le but sera de renseigner au logiciel les positions de la zone en fonction du code temporel, afin d’indiquer au système un chemin à suivre.

Rendre des actes chirurgicaux anonymes est un travail minutieux, mais essentiel avant de pouvoir diffuser une vidéo chirurgicale, même avec l’accord de la patiente ou du patient.

Pour ce genre de manipulation plus avancée, l’utilisation d’un logiciel de montage professionnel ou semi-professionnel, avec des fonctionnalités assez poussées, est conseillée (DaVinci Resolve par exemple). Le floutage en mouvement notamment, nécessite une certaine maitrise technique mais qui reste tout à fait abordable pour le débutant aidé de tutoriels.

Pour en savoir plus : Les meilleurs tutos pour prendre en main DaVinci Resolve

 

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