08 Oct 2023 | Vidéos chirurgicales

Véritable outil pédagogique, le montage des vidéos pédagogiques en chirurgie laparoscopique est soumis à certaines normes. Présentation du cas clinique, de l’imagerie, de la technique opératoire mais aussi des suites opératoires et des résultats anatomopathologiques. Voici tout ce qu’il faut savoir pour rendre une vidéo de chirurgie laparoscopique didactique.

La chirurgie video-assistée

La chirurgie laparoscopique se prête à la création de supports éducatifs audiovisuels qui facilitent le partage d’information sur des chaînes de diffusion mais aussi au sein de la communauté scientifique

Aujourd’hui, la chirurgie laparoscopique se prête à la création de supports éducatifs audiovisuels. Ces outils facilitent le partage d’information sur des chaînes de diffusion mais aussi au sein de la communauté scientifique ce qui alimentera les débats, les avancées techniques, la diffusion de l’information et la communication entre les équipes. Prenant pour exemple les études de recherche, qui génèrent des résultats transparents et reproductibles avec un compte rendu complet et précis, il est aujourd’hui essentiel que les chirurgiens puissent communiquer de manière appropriée les techniques chirurgicales et leurs résultats. En effet, jusqu’à récemment il n’existait pas de directives pour la présentation de vidéos chirurgicales, il en résultait que la qualité, la fiabilité et la rigueur éducative de ces documents étaient très variables.

Le montage d’une vidéo de chirurgie laparoscopique doit être une procédure bien codifiée afin de rendre une vidéo à la fois didactique et scientifiquement valide. Récemment, un comité d’experts international composé de formateurs et d’apprenants de diverses spécialités a rédigé et publié un consensus sur les directives de présentation de vidéos éducatives en chirurgie laparoscopique (Lap-VEGaS : LAParoscopic surgery Video Educational GuidelineS). L’objectif de ces recommandations était de fournir des conseils consensuels sur la manière de présenter une vidéo chirurgicale de laparoscopie à des fins éducatives mais aussi scientifiques. Celles-ci seront présentés brièvement ici.

Vidéo de chirurgie laparoscopique : Les bonnes pratiques pédagogiques à adopter

Une vidéo de chirurgie laparoscopique peut devenir un véritable outil pédagogique en respectant les étapes suivantes : 

 

Information sur l’auteur et introduction de la vidéo

Pour commencer, il est important que la vidéo inclue les informations sur les auteurs telles que les noms, les institutions, le pays et l’année de la chirurgie ainsi que les coordonnées de l’auteur correspondant. Le titre de la vidéo doit inclure les noms de la procédure effectuée et de la pathologie traitée et il convient de spécifier si la vidéo a été présentée lors de réunions nationales/internationales ou enregistrée lors d’une diffusion en direct. Si la vidéo est destinée à la formation, cela doit être précisé, et la pertinence du cas présenté ainsi que les objectifs d’apprentissage spécifiques peuvent être présentés. Enfin, il est primordial que le consentement du patient soit obtenu et une déclaration de conflit d’intérêts affichée.

 

Présentation du cas clinique

Avant tout, dans le cadre des vidéos chirurgicales, conserver l’anonymat des personnes opérées est la chose la plus importante. Toutes les images radiologiques, vidéos et rapports doivent être anonymisés, et le nom du patient ne doit jamais être mentionné. Toutes les parties du corps du patient reconnaissables, telles que les yeux et les tatouages, doivent être masquées. Si ceci est impossible à faire, il faudra procéder au floutage ou à la pixellisation des zones concernées.

La vidéo doit inclure une ou plusieurs diapositives ou commentaires audio avec une présentation formelle du cas, comprenant l’âge, le sexe, le score de la Société Américaine d’Anesthésiologie (ASA), l’indice de masse corporelle (IMC), l’indication de la chirurgie, les comorbidités et les antécédents de chirurgie précédente. Les résultats de l’imagerie préopératoire doivent être présentés et les éléments anatomiques importants, comme par exemple de potentielles variations anatomiques ou vasculaires, doivent être mentionnés afin de permettre au lecteur de mieux comprendre les difficultés rencontrées. Les résultats des analyses sanguines doivent également être brièvement présentés si cela est pertinent pour le cas. Enfin, comme il a été précisé plus haut, il faut également être prudent en apportant du contexte pédagogique à la vidéo (âge, type de pathologie, antécédents…) car une ré-identification du patient est possible en croisant des informations trop spécifiques.

Présentation du cas clinique

La vidéo doit inclure une ou plusieurs diapositives avec une présentation formelle du cas  et de son imagerie préopératoire. Les éléments anatomiques importants doivent être mentionnés afin de permettre au lecteur de mieux comprendre les difficultés rencontrées.

Démonstration de la procédure chirurgicale

Si cette partie de la vidéo vise à démontrer la partie importante de l’acte opératoire qui se déroule à l’intérieur de l’abdomen (intra-péritonéal), il est souvent négligé et pourtant aussi important d’expliquer l’environnement « extérieur » (extra-péritonéal), puisque celui-ci peut être varier selon les habitudes des équipes.

 

La partie vidéo initiale devrait inclure:

  • La position du patient sur la table d’opération y compris les variations pendant la chirurgie.
  • La position de l’équipe chirurgicale et anesthésique y compris la position de l’infirmière de bloc opératoire et la position des assistants supplémentaires
  • La position détaillée des trocarts. Il convient de mentionner où des trocarts supplémentaires peuvent être insérés en cas de découvertes inattendues ou de difficultés techniques.
  • L’emplacement de l’extraction du spécimen doit être démontré.

 

La partie vidéo intra-péritonéale devrait inclure :

  • Les détails de l’équipement spécial nécessaire à la procédure, tels que les dispositifs de scellement des vaisseaux, les protecteurs de plaie, les manipulateurs et les agrafeuses chirurgicales.
  • La procédure chirurgicale doit être présentée de manière standardisée étape par étape. Les découvertes intra-opératoires doivent être démontrées, avec une référence constante à l’anatomie. Des éléments graphiques peuvent être d’une aide précieuse pour démontrer des étapes importantes de la chirurgie. Ces éléments peuvent prendre la forme de flèches et d’annotations et ont pour objectif de préciser de manière graphique ou textuelle des éléments de l’intervention – anatomie, gestes clés… Il s’agit souvent de calques à fond transparents que l’on rajoute par-dessus de l’image vidéo.
  • Des manœuvres supplémentaires et des suggestions pour faire face à un “échec de progression”, par exemple, des trocarts supplémentaires ou des assistants, un changement de la position du patient ou des manœuvres de sauvetage en cas d’événements inattendus tels que le dysfonctionnement d’une agrafeuse chirurgicale ou une défaillance de l’équipement.
  • La description des critères de conversion en chirurgie ouverte et l’emplacement de l’incision en cas de conversion. De même, la partie ouverte de la procédure doit être mentionnée ou démontrée si la vidéo est destinée à la formation.

Démonstration de la procédure chirurgicale

La procédure chirurgicale doit être présentée de manière standardisée étape par étape avec une référence constante à l’anatomie. Des éléments graphiques, en forme de flèches et d’annotations, peuvent être d’une aide précieuse pour démontrer des étapes importantes de la chirurgie. 

Résultats de la procédure

Une partie indispensable de la vidéo pédagogique dans le domaine de la chirurgie laparoscopique comme pour tout autre type de chirurgie est de présenter les résultats de la procédure, notamment la durée de l’opération, la perte de sang, la cicatrice avec une photo des plaies guéries, la durée du séjour à l’hôpital et des potentielles complications postopératoires.

Un autre critère qualitatif de la chirurgie laparoscopique réalisée, hormis les suites opératoires, est le résultat histopathologique du spécimen. Il est d’autant plus important de le détailler en cas de malignité, incluant le nombre de ganglions lymphatiques prélevés et la stadification. Des images du spécimen peuvent être souhaitables.

Le respect de ces recommandations peut multiplier le potentiel pédagogique d’une vidéo de chirurgie laparoscopique… Ce qui est, après tout, le but premier que l’on cherche à atteindre.

Article rédigé par Stylianos Tzedakis.

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