Véritable outil pédagogique et gage d’accessibilité, la pratique du sous-titrage est soumise à certaines normes. Durée d’affichage, couleurs, nombre de caractères par ligne… Voici tout ce qu’il faut savoir pour rendre des sous-titres efficaces.
Alignement des sous-titres
Alignés à gauche ou au centre, certaines normes régissent la présentation optimale des sous-titres.
Aujourd’hui, le sous-titrage est une étape presque incontournable dans le processus de montage vidéo. Cette technique consiste à transcrire le script d’un contenu vidéo. Les sous-titres accompagnent une voix-off ou proposent une traduction (en une ou plusieurs langues) des prises de parole, afin d’en proposer le contenu à l’international. Ils sont gages d’accessibilité, que ce soit parce que l’on est malentendant ou parce que l’on ne peut bénéficier du son du contenu au moment du visionnage.
Sur le web, cette pratique s’est largement démocratisée avec l’avènement des réseaux sociaux, sur lesquels 85% des gens consomment le contenu sans le son (dans les transports, dans des environnements bruyants…) selon une étude de Digiday.
Dans le cadre d’un sujet plus technique, comme les vidéos chirurgicales, on utilise aussi les sous-titres pour une meilleure compréhension du contenu. En effet, un support écrit explicitant les termes les plus compliqués ou des noms propres favorise l’assimilation de l’information. L’internaute peut mettre la vidéo sur pause, prendre le temps de relire la partie qui l’intéresse, prendre des notes, puis passer au reste de la vidéo.
En France, comme de nombreuses pratiques dans le domaine de la vidéo, les sous-titres sont soumis à des normes de référence, des règles, définies pour en rendre la lecture confortable. Certaines sont davantage adaptées aux longs et courts métrages, d’autres à des formats tels que les reportages, d’autres encore à ce qui nous intéresse ici : la vidéo chirurgicale.
Taille des sous-titres
Si les sous-titres semblent disproportionnés par rapport à la vidéo, c’est que leur taille n’est pas adaptée. Crédit vidéo : CHRU Strasbourg.
Importance des normes techniques du sous-titrage
Pour commencer, il est donc intéressant de connaître ces critères. Ils ont été choisis pour homogénéiser les pratiques de sous-titrage, et surtout pour les rendre accessibles au plus grand nombre.
Beaucoup ont été pensés pour des formats plus complexes que celui de la vidéo chirurgicale (métrages diffusés au cinéma ou à la télévision, reportages et documentaires…), intégrant des prises de parole de plusieurs protagonistes apparaissant à l’écran ou non.
Même si tous ne nous concernent pas, garder en tête les principaux et les comprendre pour ensuite les adapter reste utile :
- Durée d’affichage d’un sous-titre : 2 à 3 secondes minimum pour les sous-titres courts (un à deux mots, comme les connecteurs logiques) à 5 secondes maximum, tout en prenant en compte le fait qu’en français, on lit en moyenne 15 caractères par seconde. Les normes préconisent des sous-titres d’une minimale d’1 seconde, mais le risque que le texte soit trop court pour être lisible est important ;
- Longueur : 38 à 40 caractères par ligne (deux lignes maximum par tronçon) ;
- Positionnement des sous-titres : centrés en bas de l’image, idéalement alignés à gauche car l’œil trouve plus facilement le début d’une ligne si toutes les lignes sont alignées à gauche ;
- Sous-titres sur deux lignes : éviter les césures et suivre au maximum les unités sémantiques au sein d’une phrase (par exemple : « Il faut faire attention à la zone incisée » se découperait ainsi : « Il faut faire attention / à la zone incisée » puisque « à la » est relatif au groupe « zone incisée ») ;
- Typographie : sans empattement de préférence (dite « sans sérif »), la plus simple possible, avec une taille ni trop importante ni trop réduite. Celle-ci est à l’appréciation de la personne qui monte. Pour trouver un équilibre, l’idéal est de visualiser la vidéo en taille réelle pour se faire une idée précise de la dimension du texte.
D’autres caractéristiques plus spécifiques existent : espace entre les textes lors d’un changement de plan, couleur, ponctuation, découpe des dialogues, transcription d’un bruit, graisse des caractères… Dans notre cas, porter attention à celles que l’on vient d’énumérer suffit amplement.
Forme des sous-titres
Les sous-titres prennent souvent différentes formes, en fonction de leur support de diffusion, et parfois de la charte graphique de l’entreprise qui la diffuse. Crédits vidéo : 1 – OPCO Santé ; 2 – Lucie Leclercq ; 3 – CHRU Strasbourg.
Obtenir des sous-titres d’une qualité professionnelle
Il faut comprendre que mal travaillés, les sous-titres peuvent desservir le rendu d’une vidéo. Faire les choses correctement, étape par étape, sera gage d’une qualité professionnelle : relire plusieurs fois les textes pour une première simulation, demander validation à une personne extérieure pour évaluer sa capacité et sa vitesse de lecture, vérifier l’orthographe une dernière fois…
De nombreux logiciels de sous-titrage existent, plus ou moins automatisés selon leur complexité. Tous ne permettent pas de respecter ces normes, certains proposent une grande flexibilité sur la police, les couleurs et le time-code des tronçons de texte, d’autres sont plus faciles à prendre en main mais plus limités en termes de fonctionnalités.
Il est également possible de sous-titrer des rushs directement au moment de l’acquisition vidéo, en s’équipant du matériel adéquat, mais cette technique n’est pas très précise et laisse peu de marge de manœuvre à la personne qui montera le contenu ensuite.
Lisibilité des sous-titres
Les sous-titres, en tant qu’outil de compréhension, se doivent d’être bien orthographiés et lisibles, au risque de perdre le spectateur.
Les avantages du sous-titrage pour les chirurgiens
Parmi les autres formats, la vidéo chirurgicale est un genre très particulier, répondant à des règles précises et visionné par un public très ciblé. Encore davantage que pour d’autres contenus, les sous-titres jouent un rôle central.
D’une part parce que, à la différence d’autres formats, les sous-titres soutiennent le rôle pédagogique d’une vidéo chirurgicale. Ils viennent en appui à la voix-off et offrent à l’internaute une double entrée de l’information en stimulant différents types de mémoire : auditive et visuelle.
Par ailleurs, lorsque la vidéo ne dispose pas d’une voix-off, les sous-titres permettent d’apporter un complément d’information, que les images et annotations ne suffisent pas toujours à prodiguer.
Vidéo chirurgicale : les bonnes pratiques à adopter
Par conséquent, il existe d’autres points d’attention, non officiels cette fois, à garder en tête pour rendre les sous-titres de ce genre de contenu éducatif efficaces.
- Penser la mise en forme des sous-titres et des annotations pour que les uns et les autres ne rentrent pas en confrontation. Encore une fois, l’objectif est de rendre le tout lisible.
- Ne pas hésiter à soutenir les sous-titres en mettant le vocabulaire technique et les noms propres en exergue pendant plusieurs secondes, un peu à l’image des annotations.
- Encore plus que pour d’autres formats vidéo, porter la plus grande attention au temps de lecture et au nombre de caractères par ligne lors de la synchronisation. Compte tenu du nombre d’informations présentes dans une vidéo chirurgicale, les sous-titres doivent être les plus digestes possibles.
Le respect de ces recommandations peut multiplier le potentiel pédagogique d’une vidéo chirurgicale… Ce qui est, après tout, le but premier que l’on cherche à atteindre.
La création de sous-titres est parfois vue comme anecdotique : c’est une erreur ! C’est un pan très important du travail de montage, et avec un peu de pratique et d’organisation, il est possible de rendre cette étape facile et plus ou moins rapide à réaliser.
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