LinkedIn, Instagram, X (anciennement Twitter)… Ces nouvelles plateformes, largement utilisées dans le monde de la chirurgie en tant qu’outils d’informations, sont aussi intéressantes pour relayer des contenus pédagogiques, comme les vidéos chirurgicales. Leur utilisation répond cependant à quelques codes.
Réseaux professionnels
Plusieurs réseaux sociaux (LinkedIn, Facebook et Twitter) sont particulièrement adaptés à un usage professionnel.
Pourquoi faire la promotion d’une vidéo chirurgicale sur les réseaux sociaux ? Si certains réseaux ne sont pas appropriés pour ce contenu (et s’avèrent même dangereux, car ils jouent un rôle d’influenceur auprès de millions de jeunes, à l’instar de Tiktok), d’autres sont au contraire très populaires et soutiennent les deux buts principaux de ce format. À savoir :
- le pan pédagogique, puisque ces plateformes permettent de proposer la vidéo chirurgicale à un plus grand nombre d’étudiants et internes en chirurgie ;
- la recherche médicale, puisqu’elle sera de fait accessible à plus de chirurgiens et chercheurs en santé, ce qui alimentera les débats, les avancées techniques, la diffusion de l’information et les communications entre les équipes.
En France et dans ce contexte, les réseaux sociaux les plus pertinents sont Facebook, LinkedIn et Twitter. Car on y retrouve de grandes communautés de professionnels et professionnelles de santé.
Mais publier sur les réseaux sociaux, quels qu’ils soient, répond à quelques règles. Ils ont des codes, certains communs à tous, certains spécifiques à chaque canal.
C’est pourquoi cet article s’intéressera à tous les aspects de la communication sur les réseaux, de la diffusion des images chirurgicales au grand public aux spécificités de chaque canal, en passant par les points d’attention à garder en tête et l’association d’actions à mettre en place visant à maximiser sa visibilité.
Promouvoir sa vidéo sur les réseaux sociaux : quelques généralités
Si chaque réseau social a des caractéristiques qui lui sont propres, tous répondent pourtant à un fonctionnement similaire. Ils se déclinent en plusieurs parties, dont les deux plus importantes sont :
- le fil d’actualité, qui recense les publications les plus récentes des personnes que l’on suit sur le réseau en question, et les posts populaires dans son réseau ;
- la page personnelle, qui réunit généralement les publications que l’on a soi-même faites et celles avec lesquelles on a réagi (qu’on a partagées, commentées ou « likées »).
Un post, ou publication, est composé de plusieurs éléments : un texte, ou « caption », qui peut être assimilé à une prise de parole de la part de la personne qui poste ; une image ou une vidéo, qui viennent soutenir la description ; et des interactions de la part des autres internautes, souvent sous la forme de réactions (des « j’aime » ou « likes »), de commentaires ou de partages.
LinkedIn est le réseau social de référence pour les professionnels, et propose de nombreux groupes et communautés de chirurgiens.
Partager une vidéo chirurgicale
C’est sur ce modèle que l’on se concentrera pour relayer une vidéo chirurgicale sur les réseaux sociaux.
- La « caption » résumera rapidement ce dont il est question dans la vidéo partagée, l’objectif d’une vidéo chirurgicale et d’éventuels avertissements quant au contenu.
- L’image peut évoquer une salle d’opération, des outils chirurgicaux, et informer les internautes. Elle intègre souvent des textes et des mots-clés, mis en page de façon esthétique, comme une miniature. Elle peut être tirée de la vidéo, issue d’une photo prise au bloc ou récupérée dans une banque d’images.
- Alternatif aux images fixes, le teaser est une façon dynamique de présenter le contenu de la vidéo de manière synthétique. Sur les réseaux sociaux, s’il est sous-titré et bien réalisé, il est particulièrement efficace d’autant plus que certains réseaux valorisent les vidéos (Twitter et Facebook, par exemple). Dans ce cas, il est préférable de charger nativement le teaser sur le réseau, plutôt que d’y mettre un lien externe menant vers le contenu.
Pour aller plus loin : la loi des réseaux
Sur les réseaux sociaux, partager une publication de temps à autre n’est pas toujours suffisant. Sans mettre en place de stratégie marketing poussée, il est toutefois conseillé de s’exprimer régulièrement. C’est une façon de se créer un réseau, un lectorat, de se positionner en tant qu’expert de son sujet, et d’affirmer la qualité de ses contenus.
Sans aller jusque-là, encourager l’interaction, le commentaire et le partage d’une publication est un excellent moyen de la rendre plus visible. Plusieurs méthodes existent, à adopter en fonction de ses préférences. La plus connue reste sans conteste d’interpeler son public dans la « caption », en lui posant une question par exemple.
Autre chose : partager des articles (rédigés par soi-même ou non), d’autres publications, des vidéos, permettra de créer l’émulsion autour de son propre contenu. En liant une vidéo sur l’opération des amygdales et un article relatant la rémission post-opératoire de ce genre d’intervention par exemple, on pique la curiosité des lecteurs et on l’incite à aller plus loin dans ses recherches.
En pratique, se rendre visible sur les réseaux coûte un peu de temps, mais ce prix est largement compensé par l’effet positif que l’investissement apporte.
Diffuser dans la communauté
Les réseaux sociaux sont très intéressants pour interagir avec des communautés en médecine et en chirurgie.
Codes et usages des réseaux sociaux
Pour autant, chaque réseau social a ses propres codes, sa propre façon de fonctionner. Les trois réseaux sociaux les plus utilisés par les professionnelles et professionnels de santé restent LinkedIn, Twitter et Facebook.
- LinkedIn est un réseau professionnel. Cette posture doit donc être cultivée, en complétant son profil, sa description, en se créant une image d’expert. L’avantage de ce réseau est que la vidéo chirurgicale peut être relayée sur des groupes dont la thématique est la chirurgie et la formation médicale, et ainsi cibler l’audience beaucoup plus facilement.
- Dans notre cas, Twitter est au service de la diffusion d’informations spécialisées, de la recherche et de la politique. C’est là qu’on vient chercher les actualités de son secteur, des informations, c’est là que se créent les débats également. Cette plateforme fonctionne avec des hashtags, des mots-clés, qui référencent les publications. Trouver des hashtags pertinents pour une vidéo chirurgicale permettra, une fois encore, de cibler l’audience. Une brève recherche permettra de sélectionner ceux qu’il faut utiliser en priorité (#vidéochirurgicale, #ORL, #chirurgie, #esthétique…)
- Facebook, enfin, est un réseau à la croisée des chemins. Il permet de s’adresser aussi bien à un réseau professionnel que particulier, réunissant en majorité des personnes âgées entre 25 et 49 ans. Deux options :
- partager sa vidéo chirurgicale sur une page professionnelle la rend accessible à plus de monde. Il y a une chance que l’audience ne soit pas celle que l’on attend puisque ces pages sont visibles de tous ;
- diffuser la vidéo sur un groupe parlant de chirurgie ou de formation dans le médical lui offrira un public plus restreint, mais il ne sera composé que de personnes intéressées et concernées par ce type de contenu.
Dépasser son réseau personnel
Les réseaux sociaux permettent de partager des informations à un immense réseau de personnes, avec qui l’on ne pourrait pas interagir autrement.
Vidéos chirurgicales : points d’attention et « disclaimers »
De par ses images fortes, la vidéo chirurgicale est un format à part. Et il faut prendre ses spécificités en compte au moment de la relayer sur les réseaux sociaux.
Un contenu sensible
Bien entendu, une vidéo chirurgicale contient des plaies ouvertes, des incisions, du sang. Tout le monde n’est pas prêt à se confronter à ces images. Et si ce format est avant tout réservé aux étudiants et chirurgiens habitués à ces visuels, des personnes non averties sont tout de même susceptibles de visionner la vidéo.
Il est donc primordial d’avertir le plus possible sur ces points d’attention, par le biais de « disclaimers », même si les réseaux sociaux sont équipés d’un système de censure et d’avertissement en cas d’images sensibles.
Appliquer des filtres de floutage sur les images les plus sensibles est également un incontournable.
Protection des données et de l’anonymat
Les opérations, comme tout acte médical, sont soumises au secret médical, au droit à l’image, et plus spécifiquement à la protection de l’anonymat des patientes et patients. La vidéo chirurgicale n’y coupe pas : elle doit être anonymisée. C’est une mesure essentielle.
À partir du moment où elle est en ligne, la vidéo chirurgicale ne nous appartient plus : tout contenu mis en ligne peut être partagé, diffusé dans des communautés, et les versions disponibles en ligne se multiplient. Il est donc impossible d’en garantir la suppression complète une fois publié. L’interdiction de laisser la personne opérée reconnaissable sur des images diffusées est formelle. L’anonymisation de la vidéo, du teaser et de la miniature doit donc faire office de loi.
C’est d’ailleurs l’un des points les plus clivants, l’origine de débats sur les canaux de diffusion des vidéos chirurgicales : doit-on privilégier les sites d’archives spécialisées et ainsi en interdire son libre accès, ou plateformes de streaming grand public comme Youtube ?
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